François Bayrou, récemment nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, apporte avec lui une riche expérience du monde agricole. Sa nomination pourrait-elle rétablir la confiance avec les agriculteurs ? En tant que fils de petits exploitants, Bayrou connaît bien les réalités de ce secteur. À 20 ans, il a repris l’exploitation familiale après le décès de son père, ce qui lui confère une légitimité rare parmi les responsables politiques.
Cette proximité avec le monde agricole est essentielle. En 2007, une photo de lui au volant d’un tracteur avait circulé sur les réseaux, illustrant son engagement. À ses visites au Salon de l’Agriculture, il se présentait comme le « candidat qui parle aux paysans », renforçant ainsi son image d’homme de terrain.
Toutefois, il ne se contente pas de discours flatteurs. En 2021, alors Haut-commissaire au Plan, il a publié une note alarmante sur la situation de l’agriculture, pointant du doigt les « myriades de déficits » et la faible compétitivité des filières.
François Bayrou a proposé des solutions concrètes, comme un « plan Marshall agricole » pour renforcer la production. Cette approche résonne auprès des agriculteurs, qui attendent dorénavant des actions tangibles.
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, exige des mesures d’urgence : un nouveau mode de calcul des retraites et une meilleure prise en compte des coûts de production sont prioritaires. La période à venir sera donc cruciale pour évaluer la capacité de Bayrou à répondre aux attentes du secteur.
François Bayrou, Premier ministre : une annonce réjouissante pour les profs et les agriculteurs ?
En parallèle de son engagement agricole, François Bayrou a également été ministre de l’Éducation nationale. Sa nomination en tant que Premier ministre suscite des réactions mitigées au sein de ce secteur. Pour certains enseignants, son passé à la rue de Grenelle demeure entaché d’ambiguïtés.
Son échec dans la réforme de la loi Falloux en 1994, qui visait à accroître les financements pour les écoles privées, reste gravé dans les mémoires. Cette tentative avait provoqué une mobilisation massive, rassemblant jusqu’à un million de manifestants.
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Un passé complexe dans l’Éducation nationale
Suite à ce revers, Bayrou a adopté une posture plus modérée, privilégiant le dialogue avec les syndicats. Il a introduit des initiatives, telles que la réintroduction du latin et du grec dans les programmes scolaires, mais ces efforts évoluent dans un contexte critique.
Aujourd’hui, des enseignants expriment leurs craintes. Certains s’inquiètent d’une continuité des politiques menées sous Emmanuel Macron, jugées peu favorables. Symphorien, professeur de physique-chimie, évoque un sentiment de méfiance face à un « enfumage » potentiel.
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, souligne que des « déterminants économiques et politiques » influencent bien plus que les choix personnels de Bayrou. Cette méfiance souligne un besoin urgent de changement dans l’Éducation nationale, accentué par des années de suppressions de postes et de coupes budgétaires.
François Bayrou se retrouve face à un défi. Son expérience unique pourrait lui permettre de rétablir la confiance avec les agriculteurs, tout en naviguant dans un monde éducatif où l’attente est forte. Seules des actions concrètes et des résultats tangibles pourront déterminer le succès de son mandat. La France regarde et espère un changement positif, tant dans l’agriculture que dans l’éducation.